Appel à communications colloque Université de Toulouse

Le cinéma d’animation : de l’expérience poïétique à l’invention esthétique

Cette 12e édition du Colloque de Sorèze est consacrée aux formes créatives et inventives du cinéma d’animation, caractéristiques des pratiques expérimentales, de recherche ou d’auteur du cinéma d’animation. Le cinéma d’animation sera abordé suivant les deux grandes entrées de l’expérience poïétique et de « l’invention esthétique » (Paul Valéry).

La proposition « le cinéma d’animation comme expérience » ouvre le champ à la dimension polysémique de l’expérience, suivant la référence aux thèses de John Dewey développées dans son ouvrage L’art comme expérience. Celle-ci invite à aborder et à conjuguer le volet artistique de l’expérience, au croisement de l’acte de production, et du régime esthétique de l’expérience, articulant perception et réception.
Nous aborderons, aux côtés des voies « classiques » ou « conventionnelles » du cinéma d’animation, les réalisations inscrites dans une ligne « d’invention perpétuée » (Hervé Joubert-Laurencin). L’alternative aux voies classiques de production, aux régimes codifiés, programmatiques et linéaires des opérations, ouvre l’expérimentation aux différents termes du chantier de création et aux différentes phases du processus de production. Ceux-ci répondent à des conduites créatrices plus ou moins aventureuses, identifiées par des théoriciens du cinéma d’animation ou de l’art, et par des cinéastes, en termes de poïétiques de l’instable ou du « versatile » (Dominique Willoughby), de logiques de « l’incertain » ou de la « surprise » (Robert Breer) par exemple, organisées autour d’une dialectique entre programme et expérience, et introductives de nouvelles expériences esthétiques: du côté d’une transparence ou d’une opacité de l’image, de la fluidité d’une image-mouvement, d’un dessin au trait ou d’un dessin de surface, d’une « couleur-matière » ou d’une « couleur-signe » (Jacqueline Lichtenstein), d’une puissance figurale de l’image ou d’une « plasmaticité », suivant le concept d’Eisenstein (Walt Disney, trad. A. Cabaret, Circé, 2013).

La réflexion pourra porter sur les singularités construites, caractéristiques des pratiques de création-recherche du cinéma d’animation, suivant plusieurs entrées :
– la question de l’interdisciplinarité : des pratiques issues d’une mise en commun ou d’une hybridation des moyens matériels, des médiums et des techniques, dans le cas de relations entre cinéma d’animation et arts plastiques, ou cinéma et arts du son, par exemple ;
– des problématiques de l’invention et de l’innovation, qui concernent les différentes dimensions, technique, plastique, esthétique ;
– des régimes de plasticité spécifiques, tels que l’élasticité des figures, la viscosité de la matière, l’altération, la fragmentation ou la transformation ;
– les relations entre les scénarios poïétiques et les processus narratifs : il s’agira ici d’apprécier dans quelle mesure le film d’animation renouvelle le travail de la narration, en lien avec ces chantiers d’expériences et les exercices de fictions, en s’engageant dans certains cas dans des voies de « déconstruction narrative » (Dominique Noguez) ou en suivant le développement de « stratégies narratives qui le rapprochent du cinéma expérimental » (Marcel Jean) et qui le constituent peut-être comme un « cinéma de l’écart » (Roger Odin).

Concrétion sensible, le film d’animation motive les dynamiques de l’expérience esthétique. Celle-ci prend acte de ses lignes inventives et de ses voies poïétiques, et se construit au contact des formes poétiques des images en mouvement (ou des « images-mouvement »), et au travers d’un « toucher du regard ». Elle engage des « exercices de pensée », pourquoi pas des ekphraseis, qui visent, suivant une perspective philosophique et dans une visée épistémologique, à une confrontation des différents modes de pensée et propositions théoriques relatives à ce domaine d’étude.

Ces études prendront appui sur un large corpus filmique. Celui-ci nous permettra, par exemple, de faire l’expérience des opacités blanches du film Le Petit Hérisson dans le brouillard de Youri Norstein, de la couleur-fard de Au Premier Dimanche d’août de Florence Miailhe ou de La Piccola Russia de Gianluigi Toccafondo, du grain de sable en clair-obscur du Mariage du hibou de Caroline Leaf, des scintillements dans les images mouvantes d’Une Nuit sur le Mont Chauve d’Alexandre Alexeïeff, de la plasticité de The Black box et des altérations construites de Other Faces de William Kentridge, de « l’œil-caméra-pinceau » (suivant le proposition de Sébastien Denis) à l’œuvre dans les films de Georges Schwizgebel ou du « plaisir du fluide » (Jean-Paul Engélibert) dans Le Château ambulant de Hayao Miyazaki.

Ce colloque réunira non seulement des chercheurs dans les domaines les plus variés, des études audiovisuelles, des arts plastiques, des arts appliqués, des arts du spectacle, de l’esthétique, de la philosophie, de la musicologie, de l’histoire de l’art et de la littérature, mais également des artistes et cinéastes d’animation.
Le colloque est organisé par le LARA-SEPPIA (Laboratoire de recherche en Audiovisuel – Savoirs, Praxis et Poïétiques en Art) de l’Université Toulouse – Jean Jaurès (anciennement Université Toulouse 2 – Le Mirail). Il se tiendra du mercredi 4 au vendredi 6 février 2015, à l’Abbaye de Sorèze (Tarn).

Modalités de soumission
Les propositions de communications nous parviendront sous la forme suivante : un texte d’environ 2000 signes (espaces compris), accompagné d’une courte bio-bibliographie de l’auteur.
avant le 15 novembre 2014.

Chaque communication durera 20 minutes, auxquelles s’ajouteront 15 minutes de débat avec le public.
Les propositions sont à envoyer à Pierre Arbus (pierre.arbus@univ-tlse2.fr), à Patrick Barrès (patrick.barres@univ-tlse2.fr) et à Sophie Lécole-Solnychkine (sophielecole@free.fr).
Le programme définitif sera établi pour le 15 décembre 2014.

Responsables scientifiques
• Pierre Arbus, Maître de conférences en Etudes audiovisuelles
• Patrick Barrès, Professeur en Arts appliqués, arts plastiques
• Sophie Lécole-Solnychkine, Maître de conférences en Arts plastiques

Comité scientifique
• Pierre Arbus, MCF Etudes cinématographiques, LARA, Université Toulouse – Jean Jaurès
• Patrick Barrès, PR Arts appliqués, arts plastiques, LARA, Université Toulouse – Jean Jaurès
• Bérénice Bonhomme, MCF Etudes cinématographiques, LARA, Université Toulouse – Jean Jaurès
• Guy Chapouillié, PR émérite Etudes cinématographiques, LARA, Université Toulouse – Jean Jaurès
• Sébastien Denis, PR Etudes cinématographiques, CRAE, Université de Picardie – Jules Verne
• Jean-Louis Dufour, MCF Esthétique audiovisuelle, Directeur de l’ESAV, Université de Toulouse II – Le Mirail
• Paul Lacoste, Pr. Esthétique audiovisuelle, ESAV, Université de Toulouse II – Le Mirail
• Sophie Lécole-Solnychkine, MCF Arts plastiques, LARA, Université Toulouse – Jean Jaurès
• Gilles Méthel, PR Etudes cinématographiques, LARA, Université Toulouse – Jean Jaurès
• Sébastien Roffat, historien, IRCAV, Université Paris 3
• Serge Verny, MCF Etudes cinématographiques, EnsadLab, Paris

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